« Il survient fréquemment chez le tout petit enfant une erreur qui déforme le type psychique naturel et qui donne lieu à d’infinies déviations. La conversion enfantine est une guérison psychique, un retour aux conditions normales. Oui, cet enfant miraculeux pour la précocité de son intelligence, ce héro qui se surpasse lui-même en trouvant la sérénité, ce riche qui préfère le travail discipliné aux conditions futiles de la vie, c’est l’enfant normal. Et ce qu’on a trouvé de surprenant à son apparition, qu’on a traité de conversion, doit simplement être considéré comme une « normalisation ». Il y a chez l’homme une nature cachée, une nature ensevelie, par conséquent inconnue, et qui est la nature vraie, la nature reçue à la création, la nature saine. »1
« Il fut vraiment impressionnant de constater que, dans une seule condition, la guérison se produisait : lorsque l’enfant entrait en rapport avec la réalité et commençait à agir par lui-même ; et cela, dans une seule forme : dans le travail et l’application. (…) Il est curieux de constater que tous les défauts disparaissent avec la normalisation ».
« Quand il sort de sa concentration, il lui semble découvrir pour la première fois le monde qui l’environne comme un champ illimité pour de nouvelles découvertes ; il s’aperçoit aussi qu’il a des camarades, auxquels il montre un intérêt affectueux. Il s’éveille à l’amour pour les personnes et pour les choses, gentils envers tous, prêt à admirer toute belle chose. Le processus spirituel est évident : il se détache lui-même du monde pour acquérir le pouvoir de s’y unir. »2.
– « L’homme naît quand son âme prend conscience, se fixe, s’oriente, choisit. »3
« Ce n’est pas un problème d’éducation morale, mais de développement du caractère ».4
« la main travaille sans but ; l’esprit divague en dehors de la réalité ; le langage se complaît en lui-même ; le corps remue sans ordre ».5
« Le mensonge, la timidité, la gloutonnerie, la tendance aux querelles, les peurs, le bégaiement, les mouvements désordonnés et destructeurs, la désobéissance continuelle, sont autant de traits reconnus pour anormaux par la plupart des spécialistes de psychologie enfantine. En dehors de ces traits bien connus et déplaisants, Montessori considère comme déviations des comportements que la plupart regarderaient comme normaux. La possessivité ou bien un excessif développement du « paraître », qui force parfois les enfants à vivre dans un monde à eux. Tels les enfants qui parlent sans cesse de compagnons imaginaires {… } On sera peut-être surpris d’apprendre que Montessori considère aussi comme une déviation l’instabilité de l’attention que bien des psychologues regardent comme un des traits essentiels de l’enfance. Elle en a longuement parlé dans son livre intitulé L’Enfant, où elle discute de sujets tels que les « fugues psychiques », le désir ardent de pouvoir, le complexe d’infériorité et les différentes barrières psychiques. Ce qui nous intéresse, au-delà des diverses formes de déviation, c’est le retour à la normale et la manière dont il peut s’effectuer. »6
« Le passage d’un stade à l’autre (de déviations à normalisation) survient toujours après le travail de la main, accompagné de concentration ».7
« (…) il ne suffit pas de n’importe quel objet ; il faut organiser des intérêts progressifs. »8
« (…) L’application au travail, à un travail intéressant, choisi librement, qui ait la vertu de concentrer sans fatiguer, qui augmente les énergies et les capacités mentales, et qui rende maître de soi »9
« Parmi les caractères des objets, il faut en relever surtout un qui demande une activité plus haute de l’intelligence, celui qui permet le contrôle de l’erreur. Pour qu’il y ait un procédé d’auto-éducation, il ne suffit pas que le stimulant réclame une activité, il faut aussi qu’il la dirige. L’enfant doit non seulement persister longtemps dans un exercice, mais il faut qu’il y persiste sans commettre d’erreur. »10
« Pour correspondre à son but, ce matériel doit contenir des formes toujours nouvelles et de plus en plus complexes d’objets capables de fixer l’attention, de faire mûrir l’intelligence par l’exercice continu de ses énergies propres, et de produire ces phénomènes de constance dans l’application et de patience qui contribuent à développer l’élasticité, l’équilibre psychique, ainsi que la capacité d’abstraction et de création spontanée. »11
« C’est grâce à la concentration que l’enfant parvient à la normalisation. En expérimentant cette force psychique l’enfant se trouve parfaitement satisfait. Son calme surgit soudainement. Sa capacité de travail devient régulière et puissante. Son rapport à l’environnement est bienveillant. »
« C’est « du cycle complet d’un effort » de la « concentration » méthodique que dérive l’équilibre, « l’élasticité » d’adaptation, et par conséquent la possibilité d’actes supérieurs comme celui de l’obéissance ».12
1 Maria Montessori, l’enfant p 147, chapitre : les enfants privilégiés (6ème page)
2 Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, p. 222 (9ème p chapitre la maîtresse montessorienne et la discipline)
3 Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, p. 221 (8ème p chapitre la maîtresse montessorienne et la discipline)
4 Maria Montessori, Esprit Absorbant p. 161, fin du chapitre 17, le caractère et ses défauts chez les enfants
5 Maria Montessori, Esprit Absorbant p.163 (fin de la deuxième page du chapitre : Contribution sociale de l’enfant, Normalisation)
6 E.M Standing p146, 5ème page du chapitre Développement moral et dévié. Les directives intérieures.
7 L’esprit absorbant de l’enfant, Maria Montessori, p. 164 3ème page du chapitre : Contribution sociale de l’enfant, Normalisation
8 L’esprit absorbant de l’enfant, Maria Montessori, p. 166, à une quinzaine de lignes de la fin du chapitre contribution sociale de l’enfant
9 L’esprit absorbant de l’enfant, Maria Montessori, p. 166 (quelques lignes avant citation 8)
10 Pédagogie scientifique tome 2, Ma contribution expérimentale p73 (7ème page du chapitre)
11Pédagogie scientifique tome 2, Ma contribution expérimentale p79 (13ème page du chapitre)
12 Pédagogie scientifique tome 2, Ma contribution expérimentale p 97 (31ème page du chapitre)